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Pour une stratégie européenne ambitieuse contre l’amiante
Malgré son interdiction à l’échelle européenne il y a près de 20 ans, l’amiante est toujours présent dans de nombreux bâtiments et représente la première cause de cancer professionnel. La Commission européenne entend renforcer la Directive amiante en 2022, 12 ans après sa dernière révision. En amont de cette proposition législative, le Parlement européen a commencé son travail pour émettre des propositions. Ce mardi 13 juillet 2021, la commission environnement, santé publique et sécurité alimentaire (ENVI) du Parlement européen a adopté ses recommandations.
« La vague de rénovation prévue dans le Pacte vert européen représente une opportunité pour le retrait de l’amiante, autant qu’un risque pour les travailleurs du bâtiment » insiste Véronique Trillet-Lenoir, cancérologue et rapporteur pour le groupe Renew Europe.
« Une stratégie européenne est nécessaire pour éviter les inégalités de protection : chaque travailleur doit pouvoir être protégé, quel que soit son lieu de travail » souligne la députée européenne, pour qui la justice sociale doit être le fil conducteur de la politique contre l’amiante. « Les propriétaires les plus modestes doivent être accompagnés par la puissance publique dans la prise en charge du désamiantage. Car désamianter maintenant, pour une société, c’est éviter de transmettre ce fardeau aux prochaines générations et réaliser un investissement majeur pour la santé publique : les bénéfices sont considérables, non seulement en vies épargnées, en douleurs évitées, mais aussi en économies pour les systèmes de protection sociale. »
« La politique de prévention passe aussi par une lutte exigeante contre le tabagisme, qui est un facteur de risque aggravant. Je suis heureuse que mon amendement appelant les États membres à proposer un programme d’arrêt du tabac aux travailleurs exposés, ait été repris » poursuit la parlementaire. « Il ne s’agit évidemment pas de stigmatiser les travailleurs ou d’éviter les reconnaissances de maladies professionnelles, mais d’agir résolument contre les cancers ».« Nous ne devons pas oublier les souffrances et l’anxiété des victimes. Aux douleurs personnelles d’un diagnostic de cancer s’ajoutent trop souvent des difficultés de procédure » rappelle la Vice-Coordinatrice Renew Europe auprès de la commission ENVI, qui propose que les associations de victimes soient pleinement consultées, dans le but de faciliter la reconnaissance et la compensation des maladies liées à une exposition professionnelle à l’amiante. « Il nous faut également poursuivre la recherche sur les autres maladies que pourrait provoquer l’amiante. »
Pour évaluer l’efficacité des politiques de prévention et assurer un suivi épidémiologique précis, le texte reprend la proposition de Véronique Trillet-Lenoir de faire du mésothéliome, un cancer dont le principal facteur de risque est l’amiante, une maladie devant être systématiquement déclarée aux autorités sanitaires. « C’est déjà le cas en France et cela permettrait de fournir un indicateur fiable au niveau européen ».
Cet avis de la commission ENVI insiste particulièrement sur le traitement des déchets d’amiante. « Le recours à des décharges n’est pas une solution durable et comporte des risques. Des techniques de traitement existent et sont prometteuses mais ne sont pas toujours, à ce stade, suffisamment rentables. Il faut les soutenir activement. Aucune piste ne doit être écartée car la lutte contre l’exposition environnementale à l’amiante passe aussi par-là. ».
Le texte appelle également l’Union européenne à jouer son rôle sur la scène internationale pour une interdiction mondiale : « En raison de l’interconnexion des chaines de valeurs, c’est aussi dans notre intérêt, pour éviter tout risque de voir des produits amiantés entrer dans le marché unique ».
« Le travail n’est pas terminé : ce texte va nourrir les discussions en cours en commission de l’emploi et des affaires sociales (EMPL), qui devrait adopter son rapport en septembre, dans le but d’influencer le contenu de la proposition de la Commission européenne, en cours de consultation auprès des partenaires sociaux » conclut Véronique Trillet-Lenoir.
Contact presse : claudie.gilot@europarl.europa.eu